Masahiko Kimura transforme un étrange genévrier et prend sa revanche à la Kokufu !

Texte et photos : Kinbon magazine, Kyoto, Japon. Traductions : Peter Warren et Matthieu Mavridis

Le bas du tronc sur la face actuelle. Le shari a un aspect très raide
Ce mouvement intéressant du shari est caché par la végétation
Juniperus chinensis (avant le travail). Hauteur : 36 cm. Largeur : 75 cm.

La face actuelle... Quels sont les problèmes que pose l'arbre actuellement ?

M. Kimura nous explique : "Je me bats toujours pour que mon travail soit abouti à 100%. Il n'y a pas de différence entre 99% et 0%. Les gens se trompent lorsqu'ils voient là de l'orgueil. C'est du professionnalisme. C'est quelque chose que j'essaie de transmettre à mes apprentis, d'avoir cette exigence dans tout, et particulièrement dans l'arrosage." Comme dans toutes les activités humaines, il n'y a rien de certain en bonsaï, et la perfection est subjective. Toutefois, M. Kimura cherche à réaliser un travail parfait sur cet arbre, afin de l'exposer à la Kokufu, ce qui est un défi. Pour cela, il faudra sûrement changer la face de l'arbre, et apprendre à le voir sous un autre angle. Avant de se lancer dans le travail, M. Kimura va nous expliquer quels sont les défauts de l'arbre du point de vue d'un juge à la Kokufu. Tout d'abord, pourquoi doit-on changer la face de l'arbre ?

Faire que l'arbre ressemble plus à un genévrier

La décision est prise de rendre cet arbre plus dynamique, et de mettre en valeur les caractéristiques naturelles du genévrier. Cela sera apprécié à la Kokufu. Pour cela, il faudra accentuer son mouvement vers la droite. Le bonsaï est une affaire subjective, et il peut y avoir plusieurs faces possibles, selon les goûts de chacun. L'essentiel est de ne pas changer la face pour le simple plaisir, mais de concentrer tous ses efforts sur la face qui nous semble la meilleure.

La nouvelle face est pour l'instant cachée par l'actuelle branche arrière, qui recouvre le shari du bas du tronc, et le mouvement de la veine vivante, intéressants mais pour l'instant cachés. La caractéristique des genévriers que nous devrions toujours chercher à mettre en valeur, c'est cette relation étroite entre la veine vivante et le bois mort naturel. Si nous changeons la face d'un arbre au tronc rond et uniforme, cela n'aura pas beaucoup d'effet.

Mais lorsque le tronc a autant de caractère que celui-ci, un changement de face a un grand impact sur la silhouette globale de l'arbre. Lorsqu'on se décide à mettre en forme un arbre, différentes possibilités se présentent. La transformation que M. Kimura propose n'est pas un simple changement d'angle de plantation, mais quelque chose de plus audacieux que cela, un signe de sa quête obsessionnelle de perfection.

La nouvelle face. On a retourné l'arbre, et sa face arrière est devenue sa face avant

Les bas du tronc de l'ancienne face arrière. Le tronc paraît moins puissant, mais le jeu de la veine vivante et du bois mort est plus intéressant, plus caractéristique du genévrier.
 

Le nouveau côté gauche
 

Le nouveau côté droit

Le bas du tronc

Une des raisons qui font que cet arbre n'avait pas retenu l'attention des juges de la Kokufu, c'est la raideur du tronc et la monotonie du shari sur l'ancienne face. Si on l'observe attentivement, l'arbre révèle son caractère, mais au premier coup d'oeil, il paraît ennuyeux, et c'est ce que les juges vont retenir, n'ayant que quelques secondes pour évaluer chaque arbre. "C'est une situation regrettable", dit M. Kimura, lui-même un des juges. Avec un peu de travail, on peut donner à cet arbre une nouvelle chance, pris sous sa nouvelle face.
 

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